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samedi, 12 mai 2007

L’École des fanes *

(De retour du marché.)

― Je voudrais deux bottes de carottes, s'il vous plaît.

― Je vous coupe les fanes ?

 

(Cela n'est pas un fragment des Satires de Lucilius.)

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Au demeurant, ce billet est publié dans la catégorie Mots sans lacune, car le Robert culturel ne donne aucune citation littéraire pour ce beau nom de fanes. Alors, en vrac :

« Le paysan laboure un champ de raves. Le diable vient réclamer son feuillage. Le paysan lui donne les fanes. Méfiant, le diable vient le soir observer, par une fente entre les poutres de l'izba, ce que complote le paysan, qui se fait une soupe de raves, qu'on appelle borchtch en russe, un régal de gourmets, de couleur mauve et rose. » (René Laurenceau. Nègres blancs.)

 

Les fanes d’orichalque au vent tintinnabulent

Des femmes enfiévrées sortent de tes chansons

Elles vont sans me voir comme des somnambules

Sur les pas du flûteur de la rue Vaucanson

(Robert Vitton. "Elégie pour un élégiaque". In Encres vagabondes, 1990.

 

« La poésie, qui détruit les frontières. Reconstruit les murailles qui nous encerclent, celles qui protègent du froid et des sottises. La poésie des dépravés, des arracheurs de pavés qui bravent les idées préconçues. La poésie des acharnés des rimes, ceux qui triment en terminaison de vers pour toute existence. Les autres, verre à la main, s’abreuvent des femmes et courbent les fanes dans des alexandrins étriqués. Et ceux qui ne comprennent rien. Je les envie. » (Falmar. Introduction, 27 janvier 2007)

 

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* Le titre du billet, hautement (et oncques bassement) calembouresque, est un hommage à ceux de mes lecteurs qui goûtent les jeux de mots (et je songe en particulier à Fuligineuse, Aurélie et Simon). Or, je me suis rendu compte, en cherchant sur la Toile des occurrences du mot fanes (au pluriel), que de nombreux internautes prétendûment francophones écrivent ainsi le féminin du substantif franglais fan ! Pas de quoi s'éventer !!! (Les pales du ventilateur tournent toujours.)

mercredi, 25 avril 2007

Dires ignorés

Je mets en lien l'enregistrement sous format .doc d'un article du Monde daté de demain et intitulé "Sud-Ouest diffuse des propos off de M. Bayrou". Il s'agit d'un texte très édifiant d'un point de vue politique, bien entendu, mais qui me permet aussi d'entonner une de mes bonnes vieilles antiennes sur la déliquescence de la grammaire française dans la presse dite "de qualité".

En effet, vous noterez, vers la fin de l'article, la phrase suivante : Il a dit ignoré ce que les deux hommes s'étaient dit. Outre la répétition assez maladroite du participe passé dit, on observe une belle faute à trois points (comme dirait Michael Jordan) : la forme correcte, bien sûr, c'est "il a dit ignorer". En cas d'inculture grammaticale, il suffit pourtant, pour s'assurer contre le péril, d'avoir recours à un verbe du deuxième ou du troisième groupe : "Il a dit finir son travail vers trois heures." "Le journaliste de l'AFP a dit mettre un grand soin à ses articles." Etc.

vendredi, 30 mars 2007

Culture et marmelade

Lu sous la plume de Juan Asensio, le critique de génie qui pense en basque avant de s'imaginer qu'il écrit en français :

Il y a fort à parier que, ipso facto, je n'eus été envoyé, aimablement recommandé par votre lettre de cachet, dans quelque Bastille...

 

Rappelons à cet aimable pourfendeur mégalomane que, si l'on se pique d'employer l'imparfait du subjonctif, il ne faut pas se mélanger les pinceaux. De même, l'usage du ne explétif n'est pas possible ici (principale assertive). Cette phrase, comme les trois quarts de ce que nous assène cet âne bâté qui voudrait se faire aussi doué qu'Antonin Artaud, ne veut donc rien dire. Rappelons aussi que le conditionnel reste possible ici, et peut-être plus à la portée des étudiants de français grands débutants.

 (Il y a fort à parier que j'eusse (ou que j'aurais) mieux fait de me dispenser de cette note...)

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Quand J.A. pose des questions à un romancier, ça donne ça : "Donc, si je vous lis bien, le prochain roman que vous publierez tentera de s’approcher un peu plus de cette délivrance ou allez-vous nous répondre que vous devez longer, coûte que coûte, cette faille, quitte à hurler, une nouvelle fois, devant la grâce enfuie, que c’est là et nulle part ailleurs que doit se tenir l’écrivain réel, sous le soleil noir d’Auschwitz ?" Toute personne en mesure de traduire ce galimatias en français a gagné le droit de s'endormir chaque soir en contemplant les pâles âneries du Stalker. (Rappel : le concept de galimatias est valide en stylistique. Dans le cas de Juan Asensio, il se rapproche de la verbigération, mais, hélas, jamais du phébus. (Tout ceci était du jargon.))

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Par ailleurs, le Stalker, l'admirable intellectuel qui confond Racine et Corneille, est un fin connaisseur des choses un peu anciennes. Aussi a-t-il des formules telles que "les vieilles sagas légendaires de bien des peuples anciens", ce qui ne veut rien dire, puisque les sagas sont islandaises. Peut-être a-t-il confondu avec la world music ?

samedi, 24 mars 2007

Carnaval de Tours

Voici la première phrase du prospectus vantant les mérites du Carnaval de Tours :

Notre ville s'endort petit à petit dans son conformisme et sa langueur naturelle que d'aucun appel « art de vivre ».

 

J' veux dire, quoi, si on s' contrebranle d'écrire correctement le français pass' que c'est vrai c'est confaurmyste de savoir distinguer un nom (appel) d'un verbe (appellent)*, eh bien on n'écrit rien du tout et on ne fait pas de site Web, bande de tocarnavaleux !

 

* pour ne rien dire du -s manquant à "d'aucuns". Remarquez, peut-être que le G.O. chargé du Carnaval n'est autre que Juan Asensio... ça expliquerait...

lundi, 12 mars 2007

Journalese (again & again)

Ils s'y sont mis à trois (Le Monde, l'AFP et l'agence Reuters) pour faire, dans un titre de dépêche, une faute "à trois points" (comme les paniers).

Ségolène Royal estime que les "éléphants" ne l'ont pas assez soutenu. [sic]

 

Nouveau scoop, les amis : Ségolène Royal est un homme !

dimanche, 04 mars 2007

Journalese, ill-at-ease

Dans Sud-Ouest de ce jour, Catherine Debray écrit, à propos des parrainages : « l’ex-ministre Corinne Lepage, targuée de 503 soutiens ». En français, on peut se targuer de quelque chose (autrement dit : s’en vanter). Ainsi, si on peut être crédité d’une action, ou d’un score, on ne peut nullement en être targué.

 

Le verbe est exclusivement pronominal, comme le confirment les cinq sources que j’ai consultées pour vérification (Robert, Littré, Lachâtre, Grévisse & Landais). Ce dernier – le Dictionnaire général et grammatical des dictionnaires français de Napoléon Landais (troisième édition, 1836, tome II) – nous apprend, à la page 636, l’origine possible de ce verbe : « Se targuer signifiait autrefois, selon Borel, se couvrir le corps de ses bras, en se mettant les poignets sur les flancs […], la TARGE étant une sorte de bouclier dont on se servait autrefois ». La targe a elle-même donné la targette, qui existe encore, et peut-être faut-il voir dans cette famille oubliée l’explication d’un faux-ami courant (target, en anglais, c’est la cible).

 

Bref, et pour en revenir à nos moutons, Catherine Debray, dont le métier consiste en bonne part à manier la langue française, a le droit de s’y mettre…

samedi, 10 février 2007

Rhubarbe et séné, 1

Ayant malencontreusement fait une petite faute d'orthographe dans un récent commentaire sur le blog de Tinou, je me suis lancé dans quelques recherches qui m'ont fait découvrir des sites inconnus, voire insoupçonnés. En effet, j'ai écrit : "Ah, ça fait du bien, de se passer rhubarbe et senné..." Or, une rapide vérification dans n'importe quel dictionnaire m'aurait permis de corriger : "Ah, ça fait du bien, de se passer rhubarbe et séné..."

Mon erreur vient du fait que, comme d'autres, cette expression m'est connue de source orale, et principalement par la chanson de Brassens, Lèche-cocu. Petit tour par les plates bandes de Dame Google. Première stupéfaction : la plupart des sites, et notamment les plus populaires (Paroles.net, Paroles Mania), donnent une version incomplète de la chanson, où la strophe en question n'apparaît pas. J'ai fini par trouver le texte complet, que je connais (deux années d'immersion de Brassens, entre 91 et 93, ont suffi pour que je connaisse la quasi totalité des chansons sur le bout des dents), sur un site russe "consacré à la musique française" (mais, en fait, à la chanson française, ce qui n'est pas la même chose). Merci, amis russes, plus que jamais j'ai l'âme slave ! (Parenthèse à l'intérieur de la parenthèse : le site russe est peut-être le seul à donner le texte intégral de 90 chansons de Gérard Manset, car ce dernier a fait fermer tous les sites qui s'étaient arrogés ce droit.)

Détour par mon sacro-saint Robert culturel. Pour résumer, le terme séné désigne soit la pulpe des gousses de la casse, soit la plante légumineuse elle-même (du genre cassia ou casse). On m'indique aussi le séné d'Europe ou faux séné, qui appelle l'entrée baguenaudier. (C'est trop beau, on se croirait dans les textes du Mimosa de Ponge.) Le Robert culturel de citer vaillamment un bref extrait de La Cousine Bette (Balzac, toujours lui) : "Je vous passe la casse, passez-moi le séné." Cette locution littéraire serait apparue pour la première fois sous la plume de Marmontel, en 1761.

Retour aux vertes prairies de la gueuse Google. Je livre en vrac, mais moins que la satanée googleuse.

" Quoi? vous ne croyez pas au séné, ni à la casse, ni au vin émétique? " (Don Juan, III, 1).

CASSE. n. f. XIVe siècle. De l'ancien provençal cassa, « grande cuillère », « récipient, casserole », du latin médiéval cattia, « creuset, cuiller à pot ». Récipient, plat. Une casse en terre allant au four. TECHN. Instrument allant au four, en forme de bassin, de poêlon, utilisé dans les savonneries, les fonderies, etc. Casse de verrier, sorte de cuiller qui sert à enlever les impuretés à la surface du verre en fusion. (source : site du Patrimoine de France)

" On m'a pris occupant dans une affaire pour les deux parties. C'est un peu léger ; mais, dans certains cas, la chose se fait à Paris, les avoués s'y passent la casse et le séné. Cela ne se fait pas à Mantes. M. Bouyonnet, à qui j'avais rendu déjà ce petit service, poussé par ses confrères, et stimulé par le procureur du Roi, m'a trahi... Vous voyez que je ne vous cache rien. Ce fut un tollé général. J'étais un fripon, l'on m' a fait plus noir que Marat. On m'a forcé de vendre ; j'ai tout perdu." (Balzac. Le Cousin Pons, VII.)

"Nourrice de mon cœur, je suis ravi de cette rencontre, et votre vue est la rhubarbe, la casse, et le sené qui purgent toute la mélancolie de mon âme." (Le Médecin malgré lui. III, 3.)

 

On pourra également lire, avec profit, une épigramme de M. de Voltaire à Frédéric II, une explication détaillée des diverses références de Lèche-cocu sur le site Analyse Brassens. Dans une note ajoutée à L'Epidémie française, satire anonyme de 1790, on trouve une citation qui mêle le sens littéral, herboriste, et le sens figuré : "Il abandonna la casse et le séné pour faire une révolution par ses phrases."

Ce tour d'horizon ne serait pas complet si je ne citais pas une consoeur blogueuse, Animula Vagula, qui employa, il y a bientôt deux mois, l'expression se passer rhubarbe et séné (sans faute d'orthographe, elle) dans un commentaire à sa note Du côté du Salon d'Automne.

Bien... avec tout ça, je n'ai pas même commencé d'explorer les potentialités sémantiques et les richesses étymologiques de ces expressions. Ce n'est pas bien grave. Je pourrai toujours y revenir (d'où le "1" qui clôt le titre de ce billet). Ce que je peux expliquer, en revanche, c'est pourquoi j'avais imaginé d'orthographier ce terme, séné, avec deux n : sans aucun doute par analogie avec le henné.

 

Scène 1

Un salon bourgeois. Le mari est au téléphone, la femme commence tout juste à se maquiller. 

MARI - Allô, Casse-Auto 2000 ? Oui, je vous téléphone pour savoir si vous avez des rétroviseurs de R19 et des appuie-têtes de Peugeot 304 ?

(Borborygmes incompréhensibles à l'autre bout du fil.)

Comment ? Oui ? Il vaut mieux que je vous passe ma femme. C'est elle qui sait ça. (À sa femme) Oh, chérie, je te passe la casse, passe-moi le henné.

 

Tout ça pour ça ? Non, quand même pas...

mardi, 30 janvier 2007

Sans sandow

De l'érotisme (sportif) à petit budget... 

Elle s'arrêta devant un sandow accroché au mur, prit les poignées de l'appareil entre ses mains fines et pourtant nerveuses, raidit les extenseurs de caoutchouc et, pendant cinq minutes, affola Marc Vanel par des attitudes insensées, des exercices difficiles, des gymnastiques éblouissantes auxquelles se prêtait son corps assoupli.

(Félicien CHAMPSAUR. Homo-Deus, ou le satyre invisible, 1924, p. 299)

 

(Il est temps de reprendre, selon son principe, le projet des Mots sans lacune.)

jeudi, 14 décembre 2006

Gazehuqiatuseseajudebivak

Voilà, en titre, le "mot" inventé, hier après-midi, par A., dans un document Word, sur l"ordinateur de sa mère. What can it possibly mean ???

lundi, 11 décembre 2006

Téléfilmie et diachronie

Quand je l'ai vue sortir de chez Sartre, j'ai pété les plombs.

 

Non, au début des années soixante, on ne disait pas "péter les plombs".

(.................... entre autres centaines de détails inexacts et débiles.....................)

mercredi, 06 décembre 2006

Modeste contribution au dictionnaire des néologismes d'origine pijjulienne

Liminaire : Il est vivement recommandé de lire l'article de Simon avant de jeter les yeux sur ce qui suit.

 

BOURVONNE, n.c. - Petit insecte bruyant dont l'on peut atténuer les agissements sataniques à grandes lampées de whisky. 

CARDILOPHE, adj. - Se dit d'un chirurgien qui se recoiffe pendant une opération à coeur ouvert. 

GARGODONTE, n.c. - Borborygme provoqué par l'ingestion imprévue de solution avant brossage.

GORSOIR, n.c. - Menu particulièrement appétissant et fort peu onéreux, mais "qui n'est pas servi aujourd'hui".

HALGOROLOGIE, n.c. - Etude des gourous hagetmautiens. Syn.: reboutisme.

JACAVARER, v.int. - Arroser les jacarandas.

ORDICTER, v.t. - Dicter une phrase au mode impératif.

PHALANCODRE, n.c. - Sorte de dé en fer peu résistant dont se servent les couturières infortunées pour être sûres de se piquer les doigts.

PLOUD, n.f. - Flaque d'eau huileuse. (Attention. Contrairement à ce que pensent d'aucuns, ploud est bien féminin.) 

VILIESQUE, adj. - Vil et simiesque.

Poupon la Peste...?

Hier, lors d'un cours de traduction journalistique de première année, il y avait, dans un texte intitulé "Why Are Oil Prices So High?" (que l'on peut retrouver reproduit ici, dans un forum), l'expression "big boys", employée dans un sens métaphorique pour parler des grandes compagnies pétrolières. Nous avons peiné à trouver une traduction, car toutes les propositions allaient soit dans le sens de la démétaphorisation (magnats du pétrole) ou de la transposition de métaphore (géants, déjà employé à plusieurs reprises dans la traduction), ou encore (et c'est là le plus intéressant) vers des tournures archaïques (grosses légumes, huiles) ou prêtant à contresens en raison de leur emploi dans des contextes mafieux (gros bras, gros bonnets, caïds, gros poissons). J'avais aussi envisagé cadors, trop familier (et, de plus, est-ce là l'orthographe de ce mot qui ne s'emploie qu'à l'oral?).

mercredi, 29 novembre 2006

La libération pourrie de la langue française

Comme je ne cesse de constater le succès grandissant des petits coups de badine que j'assène, bien chichiteusement d'ailleurs, à tel ou tel journaliste, j'ai décidé de vous proposer, aujourd'hui, une perle syntaxique dont l'auteur n'est autre que Florence Lafuma, une des journalistes de Libération qui sera peut-être licenciée (ou qui, en tout cas, le mériterait si le respect de la langue française était encore un critère de sélection des journalistes). Voici ce qu'elle a écrit dans un article publié ce jour et intitulé "Le marché pourri de la viande russe" :

Selon le chef du Kremlin, ce n'est pas la viande polonaise en elle-même le problème.

 

Et moi j'en avoir bien parler français que parce ma c'est maternelle langue, car j'écris au fil de la plume en ne revenant pas sur ma phrase une fois posé le point final. Il suffisait pourtant de remplacer le ce initial, rendu inutile, par le groupe nominal le problème, et le tour était joué :

Selon le chef du Kremlin, le problème n'est pas la viande polonaise en elle-même.

 

(Pour ne pas toujours paraître négatif, ni donner l'image d'un vilain rabat-joie soupe-au-lait, je signale toutefois, dans cette même édition du quotidien racheté, un article très juste et, m'a-t-il semblé, dénué de toute infraction à la langue française : "Ushaïa fait rimer profit avec écologie".)

jeudi, 23 novembre 2006

Familier, soutenu

Histoire de ne pas me farcir que les journalistes sportifs, voici une petite remarque sur un emploi abusif du style familier dans un article très sérieux cosigné par Le Monde et l'AFP, et publié ce jour dans le "grand [?] quotidien national du soir" :

Le gouvernement, qui a beaucoup à perdre en cas d'échec de la fusion, a également mis la pression sur le groupe gazier.

 

Mettre la pression, c'est une expression familière, plutôt récente, et réservée à la langue parlée. Exemple : "Ouah, je suis véner, elle m'a trop mis la pression." (Remarquez comme l'ajout de l'adverbe trop, qui est assurément le vocable des années 1990-2000, renforce le côté réaliste de l'exemple...) En français courant, on dit exercer des pressions sur, ou encore (dans le contexte de la phrase citée) se montrer vigilant, user de son autorité, etc.

(Par ailleurs, il est à signaler qu'une énigme n'a toujours pas trouvé de réponse.)

 

En écoute : "Refusez la pression" (Massilia Sound System).

mercredi, 22 novembre 2006

We spik French very goudofsky

C'est facile de taper sur les journalistes sportifs, alors que ce sont tous les journalistes qui maltraitent la langue française. Mais enfin... Voici ce que peut écrire quelqu'un comme Sylvain Labbé :

"Cette fois, avec Cannavaro, John Carew avait a priori fort affaire."

 

Je passe sur la ponctuation, qui nécessiterait l'ajout de virgules pour encadrer la locution adverbiale latine a priori, pour aborder illico la graphie proposée par notre ami : fort affaire. Que M. Labbé ne sache pas que l'on écrit "avoir fort à faire", ce n'est pas pendable ; mais qu'il ignore, en revanche, que le nom commun affaire est féminin, cela est plus étonnant. S'il avait écrit "forte affaire", c'était une faute d'usage, qui est d'autant moins grave que, dans certains cas voisins, les deux interprétations sont autorisées, en fonction de la construction (avoir affaire à / avoir à faire). Mais, en écrivant fort affaire, M. Labbé commet une faute de grammaire majeure, du même ordre que : "Le poule est dans la cabanon."